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Monde arabe

Pierre PICCININ da PRATA (Historien - Politologue)

MOYEN-ORIENT - Attentats de Londres – Comment mettre le terrorisme au tapis ?

Moyen-Orient - Attentats de Londres - Comment mettre le terrorisme au tapis ? (La Libre Belgique, 12 juillet 2005)

Le message du terrorisme islamiste est clair :  les citoyens de l'Occident ne peuvent laisser agir leurs gouvernements sans connaître eux-même le sort des populations soumises à des guerres injustes.



La «lutte contre le terrorisme» est devenue le leitmotiv de tous les gouvernements occidentaux en ce début de XXIème siècle. Les événements du 11 septembre 2001 avaient donné le ton. Les attentats de Madrid, le 11 mars 2004, ont accentué ce refrain tragique que l'on fredonnait déjà sans relâche dans toutes les chancelleries occidentales. Mais cela n'a nullement empêché que Londres soit à son tour frappée, ce 7 juillet 2005.


La douleur des peuples et des familles touchés par ces actes terribles est indescriptible.

Aussi, ne faudrait-il pas, maintenant, s'interroger sur ce que signifient ces actes de terreur et sur la manière d'empêcher que des actes semblables ne se reproduisent et ne provoquent plus de douleur encore? La manière dont l'Occident semble vouloir y répondre, en se drapant de désapprobation indignée, ne confine-t-elle pas, réflexion faite, à une forme aiguë de schizophrénie qui ne saurait protéger aucunement les populations menacées?


Ainsi, le «terrorisme» est-il l'émanation d'une sorte d'entité maléfique plus ou moins occulte, unique et globale, dont le but est de nuire, de provoquer du malheur, dont l'objectif est la destruction pour elle-même? Ou bien le terrorisme ne serait-il rien de plus qu'une technique de combat? La manière de faire la guerre de ceux qui ne peuvent transporter leurs bombes dans les villes de leurs ennemis par l'intermédiaire de fusées, de ceux qui ne disposent pas de la capacité militaire d'écraser des cités entières sous des centaines, des milliers d'engins explosifs de toutes sortes, lancés de très haut ou de très loin, et se résignent à les transporter eux-mêmes, dans leurs bras, avec leurs jambes?

 Bref, une manière de résister à un ennemi trop puissant pour être combattu de manière conventionnelle, une forme de guerre pratiquée par de nombreux mouvements à travers le monde, pour défendre des causes très diverses?

Alors, les «terroristes islamistes», plus particulièrement, ne seraient-ils pas le produit d'une situation internationale dans laquelle sont impliqués les pays visés par les attentats? Il ne faut, en effet, pas beaucoup d'imagination pour formuler l'hypothèse «que la haine ne leur est venue ni du ciel ni d'Allah»...

La guerre, «maladie de l'humanité», est comme la peste: il ne suffit pas de proclamer qu'elle est finie pour qu'elle s'arrête.

Pourquoi les attentats de Madrid ont-ils eu lieu, précisément, à la veille des élections législatives espagnoles, dans cet Etat d'Europe dont le gouvernement avait choisi de participer à l'agression et à l'occupation d'une nation du monde arabe, dans le cadre d'une guerre illégale, sans considération pour les Nations Unies, avec pour seul motif bien trop évident la volonté de mainmise sur des ressources naturelles? Ce gouvernement n'avait-il aussi choisi de prendre le risque d'une riposte? Non pas d'une riposte militaire de grande ampleur, puisque l'Irak était sans aucun moyen de se défendre, mais d'une frappe de résistance, aussi faible soit-elle, quelle que soit son origine, suffisante toutefois pour meurtrir l'Espagne et l'Europe entière.


N'est-ce pas exactement le même cas de figure qui se répète à présent en Grande-Bretagne? Pourquoi les attentats de Londres ont-ils eu lieu en plein sommet du G 8, lequel se déroule sur le sol britannique? Pourquoi le lendemain de l'annonce de l'organisation, dans cette ville, des prochains Jeux olympiques?

Le caractère systématique de la réplique est désormais évident. Les frappes ne sont pas aveugles. Le choix du lieu et du moment n'est pas anodin et montre que ces attentats ne peuvent être empêchés, quelles que soient les mesures de protection mises en oeuvre.

Italie, Danemark, Pologne,... autant de pays qui soutiennent les Etats-Unis dans leur politique agressive au Moyen-Orient et qui doivent désormais se préparer à en assumer eux aussi les conséquences, tôt ou tard.

Le message du «terrorisme islamiste» est donc clair : les citoyens de l'Occident ne peuvent laisser agir leurs gouvernements sans connaître, eux aussi, un peu du sort des milliers d'Afghans, d'Irakiens, soumis à la terreur de guerres injustes. Ils ne peuvent plus espérer dormir tranquillement, se rendre paisiblement à leur travail, déposer les enfants à l'école, en toute sécurité, pendant que, très loin de chez eux, leurs gouvernements détruisent des maisons, des villes, tuent des enfants et s'accaparent les ressources naturelles.

Comment, dès lors, mener efficacement «la lutte contre le terrorisme» ? Peut-on réellement «lutter contre le terrorisme»?

Peut-être la seule manière de mettre un terme au terrorisme serait-elle de cesser de le générer : respecter les autres peuples, ne pas les pousser à se défendre par ces moyens terribles et désespérés.

Certains, pourtant, préfèrent poursuivre une politique lucrative et forger pour leurs électeurs une réalité virtuelle, où le terrorisme est présenté comme un mal sans autre raison d'être que de faire le mal et contre lequel il n'y a dès lors d'autre choix que de lutter sans concession.

C'est une réalité virtuelle, à laquelle chacun fait semblant de croire, tentant autant que possible de garder bonne conscience et refusant de reconnaître toute responsabilité. Mais ce n'est pas la solution au terrorisme.

Hélas, pour le contrôle des principales ressources énergétiques de la planète, tout semble indiquer que plusieurs gouvernements actuels sont prêts à payer le prix de cette politique... le prix du «terrorisme».

Lien(s) utile(s) : La Libre Belgique.

Coupure de presse :  Attentats-de-Londres2.jpg

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