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Monde arabe

Pierre PICCININ da PRATA (Historien - Politologue)

IRAN - Les Iraniens défendent leurs droits sociaux

Iran - Les Iraniens défendent leurs droits sociaux (L'Echo. Le quotidien de l'économie et de la finance, 16 juin 2009) - Texte intégral

 

 

  

 

 

Ambassade US - TéhéranLe poids de l’histoire est lourd encore en Iran. C’est pourquoi, en dépit de son radicalisme religieux, M. Ahmadinejad a été réélu à la présidence.

Depuis 1909, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, ensuite, avaient confisqué les revenus du pétrole, tandis que le peuple iranien vivait dans une misère noire.


Or, l’islam, profondément social, et plus encore l’islam shiite iranien, considère la pauvreté comme une honte immense pour l’Etat, l’un des principaux devoir de tout musulman résidant dans la solidarité. Ce fut donc autour des leaders religieux que se cristallisa la résistance, jusqu’au triomphe de la révolution, en janvier 1979, dirigée par l’ayatollah R. Khomeiny et soutenue par les masses populaires et les étudiants :  le Shah, qui, avec l’aide des Etats-Unis, avait imposé une dictature féroce, fut chassé et la république proclamée.


Pour plus de 80% des Iraniens, s’est ouverte une ère nouvelle, de progrès sociaux et d’amélioration des conditions de vie.


Et la majorité des Iraniens, n’a pas oublié le passé :  beaucoup de ceux qui ont voté, ce 12 juin, ont connu l’Iran du Shah. Ils se souviennent aussi du rôle joué à l’époque par les Etats-Unis ; et ils se reconnaissent dans les propos de leur président, hostiles au « grand Satan ».

Ainsi, pour ces millions de déshérités, abandonnés jusqu’alors par le régime du Shah, ce qui a importé avant tout, ce fut l’instauration d’une démocratie sociale :  accès aux soins de santé, aides aux familles en difficulté, droit au logement, une sécurité sociale performante, mais aussi la scolarisation et l’alphabétisation du peuple et l’accès pour tous aux études universitaires.


Les leaders radicaux de la République islamique reçurent donc les suffrages populaires pendant près de dix ans, jusqu’à l’élection du président H. Rafsandjani, en 1989.


Ce dernier, élu sur un programme de tolérance religieuse et d’assouplissement des lois islamiques, a séduit la jeunesse. Qualifié de « progressiste » et de « réformateur » par l’Occident, il était surtout le candidat des industriels et de la haute finance iranienne, s’entourant rapidement de partisans d’une économie de marché sans concession, tel M. Khatami, qui lui succéda à la présidence de 1997 à 2001.


Et, lorsque les élections législatives de 2000 donnèrent enfin une majorité parlementaire aux « réformateurs », le président Khatami mit en œuvre cette politique libérale, assortie de mesures antisociales qui fragilisèrent les plus pauvres.

La sanction populaire ne se fit pas attendre :  aux législatives de 2004, 53,7% des électeurs votèrent pour les « conservateurs » et, en 2005, près de 62% des électeurs portèrent M. Ahmadinejad à la présidence.


Face à M.-H. Mousavi, M. Ahmadinejad a bel et bien le soutien des laissés pour compte par les réformes de l’ère Khatami, lesquels ont donc choisit de se mobiliser pour défendre leurs droits sociaux, rejetant une nouvelle fois et sans ambiguïté les « réformateurs » et leur politique économique libérale.

Ces derniers réagissent à présent en tentant de semer le doute sur la validité de cette élection. Mais, si quelques irrégularités sont à relever (la participation massive au scrutin, notamment, a surpris certains bureaux de vote qui ont manqué de bulletins), c’est précisément ce taux record de participation (plus de 84% !) qui assure au président Ahmadinejad une réélection confortable, car démocratique et bien difficile à contester.

L’opposition, qui a le soutien de l’Occident, essaie de renverser la situation par la force, en jetant dans les rues des milliers de ses partisans, parmi lesquels de nombreux casseurs qui ont mis à sac des magasins et incendié des automobiles. Mais ces démonstrations sont-elles objectivement crédibles, face aux 39 millions d’électeurs qui se sont rendus aux urnes ?

Et ce n’est pas parce que nous, en Occident, nous n’aimons ni le radicalisme religieux de M. Ahmadinejad, ni ses dérives antisémites et homophobes, ni non plus les craintes qu’ils nous inspire dans le domaine du nucléaire, que l’élection doit être contestée et ce dernier appelé « dictateur ».

Le peuple iranien a élu M. Ahmadinejad ; c’est son choix, un choix social et démocratique.


Lien(s) utile(s) :  L'Echo 1 et L'Echo 2.

Coupure de presse :  Iran.jpg

 

Lire aussi : De l'art de se débarrasser d'un ennemi et La République islamique en état de siège.

 

Voir (vidéos des manifestations) : Téhéran 1 - Téhéran 2 - Téhéran 3 - Shiraz - Ispahan.



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